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Terre Inca Bolivienne : de la PAZ au lac Titicaca

La porte Sud de la Bolivie a été un rêve éveillé (voir article précédent sur le Sud Lipez). Le pays a-t-il tout donné dès les premiers jours ? Nous nous sentons souls de nature et de grandiose. C’est dur de rouvrir les yeux après une si violente gueule de bois. Nous sommes maintenant des ventres sur pattes et mangeons pour redonner à notre corps l’énergie qu’il a perdue pendant l’effort. Un effort qui semble déjà loin. Il ne reste plus aucune trace de notre passage. Les amas de sels sur les vélos ont disparu sous la pression du karcher, la crasse derrière nos oreilles a été emportée par l’eau presque chaude des douches. Tout ce qui reste est dans le cœur et la tête.  Si, en y réfléchissant, il reste les lèvres gercées, qui quand nous rions trop grand, nous rappellent le vif souvenir du soleil et de la sècheresse.

Qu’allons-nous voir maintenant ? La jungle ? Le parc Madidi, La route du Che ? Il reste 15 jours à Manon avant le retour.  Pour la première fois depuis 9 mois, nous devons faire un choix. Ce sera La Paz- Cuzco à Vélo en longeant les berges du lac Titicaca.

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Nous découvrons la vie bolivienne et sa culture à la Paz. Très chouette ville, elle rivalise avec  Valparaiso (Chili) dans sa verticalité. Une cuvette aux flancs terreux et friables sur lesquels une couverture de maisons en briques orange s’est construite. Au creux de cette cuvette se situe le centre-ville et les quartiers politico-administratifs de la ville, que l’on reconnait à ses buildings. Et, si l’on regarde vers le ciel, on aperçoit les câbles du réseau de téléphérique. Nous sommes autorisés à prendre le téléphérique avec les vélos ! C’est un cadeau inespéré qui nous permettra de rentrer et de sortir de cette fourmilière sans difficulté.

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Dans les rues, les boliviens font leur vie sans réellement se soucier des touristes. Leurs habits traditionnels sont pleins de couleurs et de joie. Ils se composent de tresses, jupes, pompons, chapeaux plats, chapeaux haute-forme. Les marmailles, enveloppés dans des tissus, accompagnent les mamans au travail.

Nous nous promenons dans les rues, où peu à peu, les lumières du jour faiblissent alors que la foule grandit. Nous nous retrouvons dans un marché en plein air. La rue devient l’équivalent d’un rayon de supermarché (Soit dit en passant, cela fait presque un mois que nous n’avons pas croisé de ces machins géants qui éblouissent avec leurs lumières blanches). Dans une rue, 50 stands se succèdent en vendant les mêmes produits : savons, lessives.. Ce doit être « la rue des cosmétiques » !.. Les gens serpentent au milieu des étals, flânent et discutent.  Au croisement, c’est la rue des non-périssables : riz, sauces tomates.. A l’angle, c’est les fruits, les légumes et les truites du Titicaca que les gens proposent.  C’est la nuit maintenant. Nous rentrons, sans stress. La foule a encore grossi. A cette heure-ci, la Bolivie vit plus que jamais. Les gens font leurs courses à la sortie du boulot,  puis vont diner avec la « soupe et le segundo » à 10 pesos boliviens. Sans oublier le très sucré « matécito » aux épices de cannelle et de clous de girofle qui remplace le dessert. Cette ambiance de début de nuit, nous l’avons retrouvé dans plusieurs villages alentours.

Nous longeons le lac Titicaca. Devant nous il y a une étendue d’eau calme et d’un bleu profond méditerranéen. Puis, là où les vaguelettes chatouillent les roseaux et les zones humides, les hommes ont construit des murets de pierres, permettant de limiter les parcelles cultivées. Ils y ont creusé des rigoles pour tenter de ramener l’eau du lac, le plus haut possible dans la parcelle. Une agriculture qui date depuis bien longtemps avant l’arrivée des conquistadors, au temps où les peuples andins habitaient déjà les bords du Titicaca. A l’horizon au loin, l’ile du soleil et de la lune. Là où serait né le soleil. Et dernière nous, les sommets blancs qui atteignent les 6000m, avant de tomber de manière abrupte au cœur de la jungle. Nous nous imaginons la descente ! Cela doit être grandiose. Mais notre route continue le long du lac, à 3800m d’altitude, loin de la jungle.

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Nous plantons notre tente sous les eucalyptus face à cette mer terrestre. Nous ne savons pas si cela est normal pour la saison, mais chaque soir, le ciel devient noir et les éclairs déchirent l’horizon. Nous nous baignons donc lorsque le soleil tape encore, avant l’arrivée des après-midi orageuses. L’eau est bonne. 15 °C ? Nous nous interrogeons sur la qualité des eaux. C’est que sur nos vélos, nous avons le temps de les voir s’accumuler les déchets dans les fossés ! Des panneaux publicitaires ne cessent d’adresser aux conducteurs des messages drôles et percutants demandant de ne pas jeter les déchets dehors, demandant de préserver le lac pour les générations futures.. Mais au vue des montagnes de plastique qui nous rappellent les arrières mangroves de  Mayotte, c’est à se demander si ce n’est pas juste pour consoler les touristes. Mais la qualité des eaux du lac Titicaca, est surtout liée à l’exploitation de mines dans son bassin versant… il faudra que l’on se renseigne. 

 

En attendant, les eaux sont claires, le petit vent frais nous tranquillise. Un couple de bolivien nous arrête pour nous offrir 2 kg d’oranges venant de leurs champs. Nous nous approchons de la frontière et nos contacts avec les boliviens sont de plus en plus chaleureux. Nous adorons parler avec eux et il semble que eux aussi. Les femmes n’hésitent pas à être tactiles avec Manon, les prises des mains, les regards touchants malgré les sourires imparfaits se multiplient. Décidément, jusqu’au bout nous aurons aimé la Bolivie.

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