Sur les chemin d'une école rurale (Nord Ouest Argentin)
Nous sommes dans La région de Jujuy. Place à la sècheresse. La route jusqu’à Humahuarca nous amène à 3000m progressivement en passant par le petit village de Purmamarca. Pour le moment pas de signe du mal des montagnes pas de difficulté. Seule la peau et les yeux brulent. Il fait chaud et nous sommes proches du soleil. Nous finissons après un temps par ressentir les effets de l’altitude. Simon car il a la bonne idée de s’inscrire à un trail de 23 km. Il en ressort 5eme, couvert d’épines et raconte la sensation d’hypoxie. Manon ressent les effets de manière moins sympathique suite à un aller-retour à 4400m pour admirer les montagnes de l’Hornocal. Elle est clouée par un gros mal de crane. Il est si fort qu’il lui donne la nausée. Nous sommes alors surpris mais prévenus : les signes peuvent se manifester à la descente et plusieurs heures après.
montagne aux 14 couleurs
La suite se déroule sur une piste de terre perdue dans le nord argentin. Nous avons fait le choix de quitter les grands axes. Les lacets escarpés nous font contourner des collines sans jamais nous en faire redescendre. On monte. A chaque tournant c’est un bac à sable et nous poussons les vélos. Affalés sur les guidons nous sommes essoufflés. Pour nous qui ne sommes pas encore acclimatés, l’air est pauvre en oxygène. Mais malgré cette longue route qui mène à 4000m, nous nous sentons bien et pas pressés. La vue est splendide. Seules deux voitures sont passées en 7 heures. C’est peut-être aussi l’effet des feuilles de coca.
Les gens mâchonnent de la coca. Fermiers, vendeurs, cuisinières…tous entassent dans leurs joues ces feuilles qui ressemblent à du laurier séché et qui puent l’algue. Coincées derrière les gencives, elles infusent directement dans la bouche. Pratique ! C’est le fameux syndrome des joues gonflées et du sourire vert. Maintenant c’est notre tour. Ça marche : c’est coupe faim et nous donne un sacré coup de boost.
Nous posons la tente. Une tempête arrive. Des nuages énormes s’avancent vers nous et les éclairs ne cessent de tomber sur les montagnes. Dans ce genre de paysage sans végétation nous nous sentons vulnérables. Nous comptons les secondes entre les éclairs et le grondement du tonnerre..40km, ..20km..10..pas le temps de finir notre assiette. Nous abandonnons tente et sacoches pour toquer à une des maisons que l’on voit en face. Il s’agit en fait des annexes d’une école rurale ! Tout le monde s’affaire dans la cuisine pendant que nous expliquons la raison de notre arrivée si tardive.
- « Et mais on se connait » nous interpelle une jeune femme en français.
C’est Estelle, que nous avons rencontré avec Laurent et leurs filles à Salta. Après avoir monté une association et récolté des fonds pour réhabiliter cette école, ils sont en pleine phase opérationnelle. Nous resterons 3 jours pour les aider. Les enfants nous attendrissent beaucoup .Ils sont âgés de tout juste 3 ans à 10 ans. Avec les trois maitresses ils font la classe la journée, puis restent en internat le soir. Pour le tout petit Raùl (3 ans), c’est sa première semaine. Comme ses parents ne peuvent pas être là, c’est son grand frère de 13 ans qui reste avec lui le temps qu’il s’habitue. La semaine prochaine cependant, il restera avec ses deux autres frères Rodrigo 5 ans et Santiago 9 ans. C’est Santiago qui s’occupera donc de lui. Pour nous, occidentaux et vivant en ville, c’est une vision peu courante et quelque peu déconcertante que cette école rurale et que ces enfants si jeunes déjà en internat. Mais les maitresses et Miguel, le « Mike Giver » du lieu ont grand cœur et veillent sur eux.
Nous assistons au levé de drapeau avec ses chants. Nous aidons à la cuisine et mangeons les meilleurs plats locaux que nous n’ayons jamais gouté : Locro, pan dulcé..Nous apprenons à rouler les empanadas avec Dona Clementina.
- « Haha, On a du progrès à faire ! » Mais notre chef est patiente : « tout s’apprend dans la vie sourie t-elle ! »
Nous jouons avec les enfants, au foot qu’elle question ! (incontournable en Amérique du sud) , aux jeux de société. ¨Une fois au calme nous discutons avec Laurent et Estelle. Ils sont top ! Tout le monde est génial ici, et tout le monde vie à 100 à l’heure. Entre les marmailles, la cuisine, le ménage, l’entretien, il n’y a pas le temps pour la sieste. Silvina la directrice assure.
Tous les soirs, le ciel se noircit. Un orage éclate apportant grêle ou pluie. Cela semble être un quotidien ici, et cela nous encouragera à rouler tôt le matin. Le lendemain les chemins ont été dévastés et personne ne sait s’il pourra rentrer ce week end. Les travailleurs du BTP qui logent avec nous le temps de terminer la route sont effondrés de voir leur travail réduit à zéro. Mais la chance sera avec eux. Alors que nous avons repris la route toujours aussi belle et isolée, nous recevons un message : les habitants de l’école ont pu rentrer chez eux !
-« C’était épic, nous compte Laurent, avec la mauvaise route escarpée et un pneu qui a éclaté. Mais cela n’a pas fait peur à la conductrice du bus habituée à conduire dans les montagnes ».