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Le Sud Lipez et Salar Uyuni, la tête dans le guidon, le guidon dans les etoiles

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Le Sud Lipez pourrait être décrit en ces mots : spectaculaire, lunaire, coloré, intense, aride, magique, irréel, hostile, éprouvant, constrasté.

Cette région est située au Sud Ouest de la Bolivie, entre frontière chilienne et argentine.

Il est un de ces lieux qui s'associe au mot "plus". Le plus haut que nous ayons foulé..., le plus froid que nous ayons vécu.., le plus impossible à oublier.., le plus difficile à partager par l'écriture. Surtout avec nos mots un peu simples de voyageurs amateurs. Mais nous allons toutefois essayer de le faire avec nos expressions, notre style. Pour partager.

 

Pour bien commencer cette traversée, nous avons décidé de réaliser notre première ascension d’un sommet de presque 6000m, à savoir le volcan Licancabur (5940m). Je n’oublierai jamais la force mentale de Manon qui a résisté au froid malgré des pieds et mains congelées (il est vrai que nous n'étions pas hyper hyper équipés) et a réussi cette montée. Quelle vue au sommet sur le désert de Atacama et toute la vallée du Sud Lipez qui nous a souhaité la bienvenue ! Un arrêt dans le temps. Pas de vent. Nous sommes alors suffisamment haut pour voir loin, et réaliser que nous nous apprêtons à rouler aux pieds d'une file de volcans culminant à 6000m. Certains fument tranquilles.

Ce fût la première fois que nous avons fortement ressenti le mal des montagnes. Cela ce manifeste sérieusement au delà des 5300m et réduit notre capacité physique. Lorsque nous décidons d’accélérer un peu, nous faisons quelques pas puis un petit vertige arrive. Nous y allons donc plus tranquilles avec quelques pauses. La descente fût très ludique dans la neige et les pierriers. Arrivés au refuge, nous sommes fiers de nous et plus que motivés à traverser le Sud Lipez avec cette mise en jambe.  

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Nul doute que ce fût pour nous, tant un immense plaisir qu’un réel défi de traverser cette région. Nos vélos souffrent dans le sable, nous sommes obligés de les pousser même dans les descentes. Nous faisons en moyenne 40km par jour et finissons les journées épuisés mais heureux d’être dans cet endroit. Nous prenons vite l’habitude de trouver un bivouac une ou deux heures avant le coucher du soleil pour éviter d’avoir trop froid. Et oui, nous sommes dans l’altiplano bolivien et nous oscillons entre 4400 et 5000m d’altitude.  La journée, il fait bon 20°C, et la nuit c’est plutôt du -5°C / -10°C.. La particularité de cette région est que les minimas sont atteints après le lever du soleil. On se souviendra de cette nuit où l’on a trouvé toutes nos bouteilles d’eau congelées à l’intérieur de la tente ; le thermomètre affiche alors -18°C au réveil, ça sent la grosse journée ! Heureusement, nous avons pris l’habitude de planter notre tente pour être face à l’Est et ainsi capter les premiers rayons du soleil et nous réchauffer pour prendre notre petit déjeuner. Quel plaisir de prendre son café bien chaud dans cet atmosphère glacial du matin, voir le paysage s’illuminer peu à peu, puis se dire « allez une deuxième tournée (de café) » pour prolonger le plaisir et inconsciemment retarder le moment de la poussée de vélo.

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C'est que l'on pousse les vélos ici ! Nous avons la tête dans le guidon et le guidon dans un paysage de rêve. Lorsque les parties praticables de la route se terminent sur une piste de sable profond..on souffle mais on ne se dégonfle pas. Quand ce serpent de sable se termine sur une piste terreuse compacte mais ondulée comme de la tôle nous sommes presque contents de nous faire secouer comme des salades. Mais oui mais oui, cela se rapproche d'un sentiment de joie lorsque l'on passe de 2km/h à 6km/h ! Et quand les chocs deviennent un peu trop violent, il faut de nouveau pousser pour ne pas risquer de fragiliser les vélos. Nous n'avons pas de VTT ! Mais soit, malgré ce terrible chemin, nous n'hésitons pas une seconde pour effectuer les détours et pouvoir contempler les sites à visiter.

Des cartes existent sur le Sud Lipez. Mais aucune de notre connaissance ne donne la qualité "ressentie" de la route par un cyclo. Nous nous sommes amusés à la détailler ci-dessous. A savoir nous avons mis 8 jours de la frontière chilienne à San Juan. Des magasins existent où deux trois à la Laguna blanca (gâteaux et soupes chinoises), à la "laguna colorada" (pâtes, sardines..), à "hedionda (uniquement des biscuits) ainsi qu'au niveau de la route principale. De l'eau il y en a dans les gites, mais également au milieu du sable grace à une source. Nous ne pouvons pas boire l'eau des lagunes est trop concentrée en minéraux qui lui donne un goût extremement salé.

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On se souviendra des eaux thermales familiales où l’on participera à la lessive du refuge du licancabur tout en enlevant les algues à la pelle pour éviter de resalir le linge. On se souviendra des eaux thermales plus touristiques de Polques, du désert de Dali, des lagunes (verde, blanca, colorada, hedionda, etc.), des geysers bullant au milieu de toutes ces montagnes..On retiendra également du Sud Liper, le flot de 4x4 touristique que nous avons croisé majoritairement entre le refuge du Licancabur et les geysers. Ca surprend au départ de voir une horde de 4x4 débarquer au loin soulevant la poussière et empruntant des chemins non balisés dans cette supposée réserve naturelle. Il est clair que le mode de gestion de cette réserve n’est pas perenne face à l’assaut touristique actuel. Mais elle a le mérite d'exiter et de probablement cantonner les aires de "repas" et de "concentration de touristes" aux mêmes endroits. On se souviendra d’une pause à proximité de laguna Colorada. Nous contemplions le paysage puis un 4x4 est arrivé. En l’espace de 2min, nos vélos fûrent décorés de pleins de drapeaux chinois et photographiés une centaine de fois. Quelle blague !

 

On se souviendra surtout et pour toujours de ce calme, de ces paysages grandioses et uniques, de ce contraste météorologique, de l’intensité physique, des flamants roses, des couleurs des montagnes et lagunes, de notre double repas à laguna hedionda, des étoiles en millier et en pagaille, des bivouacs inoubliables, des canyons…

Nous finirons cette traversée en arrivant au point de départ du Salar de Uyuni.  Nous en profiterons pour savourer un vrai repas, et surtout une vraie douche chaude, chose que l’on avait pas eu depuis un peu trop longtemps. Nous passerons deux jours à traverser ce désert de sel. Incroyable moment de rouler dans 15cm d’eau saturée en sel et voir son reflet dans ce miroir. Ceci a duré deux heures, puis nous roulons sur du sel formant des hexagones. On va tout droit vers l’île Incahuasi située à 50km de l’entrée Ouest du désert. Nous ne voyons qu’un horizon blanc, c’est déroutant et tellement beau. Nous arriverons à Uyuni relativement épuisés, récouverts de sel et heureux comme pas deux !

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