EL CHALTEN et la VUELTA DE LOS HUEMULS
En 1992, il n’y avait rien : 1 chemin et 4 maisons dans cette vallée. En 2018 c’est tout un village, des campings pleins et des bars bondés. « El Chalten », c’est comme cela que les natifs appelaient le sommet juste au-dessus. Cela signifiait la montagne qui fume, car de drôles de nuages, plus gris que les autres semblaient émaner de ce sommet. Le doute planait alors chez les natifs et les conquistadors : pourrait-il s’agir d’un volcan ? Et bien non, pas du tout. Cela était en fait de la simple vapeur d’eau. Comme beaucoup d’autres édifices naturels, la montagne perdit vite son nom indien pour être rebaptisée à l’européenne le très célèbre « Cerro Fitz Roy » ! Celui qui fait rêver le plus aguerri des alpinistes mais aussi le simple amateur (comme nous). Une ascension des plus difficiles, où des équipes ont probablement hurlé de joie en arrivant au sommet ; où d’autres se sont cassées les dents ! C’est ici que nous restons pendant 7 jours pour faire de la randonnée. Les plus belles que nous aurons pu vivre jusqu’à là ! On vous explique :
Jour 0 : Attendre que la pluie passe. Se renseigner auprès du « parc » sur la « Vuelta de los huemuls » mais rentrer bredouilles avec un
-« commencez par les sentiers classiques et revenez »…
Prendre en photo la liste du matos nécessaire et obligatoire. Rencontrer notre ami Simon l’australien et « Mike Horn » (private joke). Ils ont toutes les infos : mais oui c’est faisable ! La corde de 30m, c’est juste pour ramener la poulie d’une tyrolienne ! L’australien nous propose de se joindre à lui. Il part demain ! Yes !
Acheter la nourriture pour 4 jours. Louer le matos à partir de 20h du soir dans des magasins qui ne veulent rien nous louer avant cette heure. Trouver cela très bête et poireauter dans le froid ! Prévenir Pietro qui nous annonce à 22h30 que
-« ok, je viens, je lance une machine à laver et je suis prêt ! »
Jour 1 : rendez-vous au café ! Dans l’équipe Simon l’australien (« Symon »), Pietro et Nous !.. Nous remarquons vite que Pietro a un peu sous-estimé sa nourriture… pour permettre à son sac de 20L de prendre son appareil photo… du grand Pietro ! C’est le challenge qu’il dit ! 10h : en route. Première partie facile avec des pâturages. Marcher sur un sol spongieux et essayer en vain de ne pas se mouiller les pieds. Dresser le campement. Tenter de se laver au petit lac..impossible, trop froid !
Jour 2 : départ 9h30 avec une demi-heure de retard. L’objectif de la journée est de faire deux étapes en une. C’est parti. Traverser la rivière peu profonde mais glaciale. Les pieds brulent. Faire demi-tour pour certains. Pietro et Manon passeront par la tyrolienne pour éviter de perdre leurs orteils. Marcher au-dessus d’un premier glacier, puis carrément sur la bordure d’un deuxième glacier. Trouver cela génial. Se perdre. Tenter de rejoindre le sentier en escaladant une roche friable aux magnifiques nuances violette et d’orange. C’est beau mais dangereux. Faire alors demi-tour et perdre une heure plutôt que de tenter le diable. (La prochaine fois ne pas oublier de tourner là où se trouve les deux petits campements en pierre). Puis au bout de cette montée, se retrouver face au « Campo de Hielo » !!! La troisième plus grande calotte glacière sur terre. Cette glace est la mère de tous les grands glaciers de la Patagonie. C’est géant. C’est incroyable. Nous resterons un moment à la contempler. Il est 17h lorsque nous arrivons au deuxième campement. Trop tard pour réaliser les deux étapes. Nous réalisons avec joie que « Symon » possède un stock de tablettes de chocolat !
Jour 3 : 8h30, toujours avec cette demi-heure de retard notre objectif est encore de faire deux étapes en une. Même rengaine. Feu-flamme ! Longer le flanc étroit de la montagne. Etre déséquilibré par le vent si puissant. Monter vers le col du « Passo de Huemul ». Etre littéralement poussé par le vent dans la montée ! Nous pouvons courir vers le haut. C’est très drôle, mais attention à ne pas perdre l’équilibre sur ce sol qui n’est autre qu’un pierrier. Tout le monde se prend au jeu, mais lorsque le vent cesse de tambouriner nos oreilles, tout le monde est également soulagé.
Descendre vers le bleu du lac Viedma par un sentier extrêmement pentu. Cela est pire que le sentier Cala à la Réunion. Plus nous nous rapprochons, plus nous voyons de nombreuses masses blanches sur l’eau.
-« Mais oui, ce sont des morceaux de glace, des icebergs » !
13h30 : nous sommes à l’abri du vent, sur une place de galets et le soleil tape fort. Il doit faire 25°C. La pause du midi est royale. Partager notre repas avec Pietro. Se baigner dans cette eau couleur émeraude face aux icebergs. Régulièrement un bloc se brise et se retourne secouant toute la surface de l’eau. Nous éviterons donc de nous approcher… 14h30 : repartir. Faire 1 km.
-« Oh et mince, pourquoi continu-t-on !? Nous ne sommes pas pressés et nous avons l’occasion de dormir face à un décor des plus fous».
Faire le point sur la nourriture qu’il nous reste pour 3 personnes… ça passera tout juste. Aller, on reste ! Et en plus demain, ils annoncent 28°C et pas un nuage ! Passer l’après-midi à lézarder au soleil. Se baigner de nouveau avec les icebergs. Les regarder évoluer. Comme les nuages, ils prennent des formes différentes avec le temps.
Jour 4: 6h30 se lever pour les couleurs du matin. Faire cuire le dernier paquet de riz pour le petit-déjeuner.
-« Riz confiture vous connaissez ? »
Et bien, certains aiment, d’autres moins, mais tout le monde est unanime : ça cale le bide pour les prochaines heures de marche.
Partir pour de vrai cette fois. Trouver une nouvelle vue sur le glacier Viedma. Marcher. Se perdre. Traverser la rivière à l’aide de la tyrolienne. Marcher. C’est long, il fait très chaud, nous ne sommes plus habitués. Se baigner encore dans un lac pour évacuer cette chaleur. Manger le dernier paquet de bouffe qu’il nous reste : un paquet de ravioli. Reprendre le chemin et se rallonger de 5 km de plus car une ferme condamné le sentier. Sans eau et sans nourriture pendant les 2 dernières heures, nous sommes très contents de retrouver la civilisation ! Boire la bière de l’amitié avec Pietro. Parler photo et se dire au revoir en sachant que l’on vient de vivre 4 jours bien particuliers dont nous nous souviendrons longtemps !
Jour 5: Repartir sur les sentiers plus classiques. Chanter la marseillaise à la demande d’un vieux chilien très drôle qui chantait à tut tète !
-« Mais tais-toi » lui dit sa femme, « tu déranges tout le monde ! »
Faire une sieste. Admirer le « Cerro Torre » jusqu’à la nuit. Il n’y a pas un nuage et il fait toujours 28°C. Immortaliser ces étoiles qui défilent avec le mouvement de la terre.
-« Il y a des lumières sur les parois, regardes ! ».
Jour 6 : Slalomer entre les arbres minces dont les branches sont noires de chenilles. Le sol en est jonché également.
-« Haaa j’en ai une sur le cou, enlèves la moi !!! ».
Ça brule ces bestioles poilues ! En 10 minutes, il y en 15 qui se sont glissées sous la tente. Beurk. Quand les rangers nous expliqueront, qu’elles ne sont pas une espèce invasive, nous aurons vraiment du mal à les croire. Il y en a peut-être 500 par arbre ! Elles nous tombent dessus avec le vent. Et il parait que certaines années il y en a 4 fois plus !
Arriver au pied du Fitz Roy. Y rester des heures. Le soir nous verrons encore les lumières de frontale des alpinistes. Malgré sa petite altitude, les difficultés techniques sont très grandes. Le Cerro Torre est encore plus difficile. Par 3 fois les alpinistes ont échoué son ascension avant d’être conquit en 1974 contre 1952 pour le Fitz Roy. Et les premières cordées exclusivement féminines ? Attention, tenez-vous bien, en 2004 et 2005. C’est fou !
Jour 7: De retour au village, nous nous préparons. Nous croisons Juliette et Sabine !! Avec elles nous rigolons jusqu’à 2h du mat. Nous refaisons le monde.
Jour 8 : Faux-départ. Les plaquettes de frein à changer ne sont pas les bonnes. Jerry, un chilien magicien du vélo, passera 1h30 à poncer les plaquettes pour leur donner la bonne forme !