Carretera Australe
Nous voici maintenant au départ de la carretera austral. Cette route mythique pour tous les cyclotouristes à travers le monde. Ce sont plus de 1400km qui relient la ville de Chalten à Villa O’Higgins, plus au Sud. Nous arrivons en ferry et aussitôt les pieds sur terre, nous enfourchons nos vélos. La journée est ensoleillée, pas un nuage, ça faisait longtemps. On roule sur une route asphaltée sans circulation au cœur des montagnes et des sommets enneigés. Le volcan Corcovado surveille nos premiers kilomètres. Nous nous arrêtons souvent pour admirer le paysage, prendre des photos. On se croirait dans les Alpes en pleine été, mais sans les touristes ! Il y a des petits villages tous les 100km pour se ravitailler en fruit, pâtes et « dulce de leche », carburant essentiel pour pédaler !. A Villa Cerro Castillo, nous ferons notre première randonnée pour voir le sommet « Cerro Castillo » et profiter du soleil pour se baigner dans le lac à son pied; ce fût très vivifiant. Nous sommes très heureux de pouvoir enfin laisser nos vélos et aller s’évader dans les montagnes et commencer véritablement notre seconde partie du voyage axée sur la randonnée ; et non plus sur le kitesurf. Ça sera d’ailleurs frustrant à certains moments car nous sommes passés à proximité de lacs magnifiques et les conditions étaient parfaites pour pouvoir naviguer.
Après la ville de Cerro Castillo commence véritablement la « vraie carreterra austral » avec son ripio (gravier) qui est épuisant. C’est dur physiquement et mentalement. Nous n’avançons pas beaucoup et finissons les journées fatigués. La météo n’est pas des plus clémentes. Nous avons de la pluie, du vent et du froid. Quand le soleil se couche, nous ne faisons pas long feu. Nous bivouaquons le long des rivières et notre dernière épreuve de la journée est la douche. L’eau de la rivière provenant des glaciers alentours étant quelque peu froide, voire carrément gelée ; nous prenons notre courage à deux mains et d’un coup d’un seul, nous plongeons pour éliminer poussières et sueurs accumulées. Nous mettons toutes nos couches de vêtements et savourons par la suite un plat de pâte généralement à la sauce tomate, qui nous paraît être le meilleur repas du monde. Après ce repas partagé avec les bikers du soir, nous nous emmitouflons dans nos duvets avec le bonnet sur la tête. Réveil à 8h et c’est reparti pour une journée de vélo. La Carretera se mérite mais est splendide ! Des lacs bleu émeraude, des montagnes, des glaciers. Les rivières toujours au centre des vallées, qui se séparent, se transforment en marécage avec des arbres noyés, puis plus loin redeviennent un lac. A Rio Tranquillo les capillars de marmol qui sont des œuvres naturelles en marbre sont aussi vraiment beaux à observer.
Nous rencontrons Pietro et Romain avec qui nous terminerons la carreterra Austral. Romain, qui gère un magasin de vélo (Ride On) nous aidera à réparer le vélo de Simon victime du ripio : 8 rayons cassés, un moyeu en vrac, des portes bagages desoudés, fissurés… A nous 4 nous nous fixons l’objectif difficile d’atteindre O’higgins dans 3 jours pour attraper le ferry du samedi. Cela signifie 230 km de Ripio, avec chaque jour des horaires et des distances à respecter pour monter sur des plus petits ferries intermédiaires. C’est dur ! Des montées avec la roue avant qui dérape, des descentes qui secouent ! Les vélos en souffrent ! Le ripio fait une autre victime : les portes bagages et le pneu de Pietro n’ont pas résisté. Nous sommes bons pour un nouvel atelier vélo. Plus c’est dur, plus les blagues passent bien. Et malgré l’onglet aux pieds, la recherche des copains perdus sur la route, la grêle, le nez qui coule, et toutes les anecdotes survenues, c’est avec des rires que l’on finit la journée.
Nous réussirons à prendre ce ferry ! De l’autre côté c’est la frontière Argentine que l’on passe à pied. On pousse les vélos à travers les bois. Manon n’en peut plus ! Simon doit l’aider à pousser son vélo. Ce dernier et quatrième jour d’effort, la fatigue et la vue à l’arrivée génère tellement d’émotion ! Ici, face au lago desierto, nous sommes peut-être dans un des plus beaux endroits au monde. Les chevaux broutent devant notre tente. L’herbe est verte. Le vent souffle sur le lac, et le Fitz Roy au loin se découvre ! Une vision de paradis.