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De la mer de Cortes à la Ventana par la Sierra Giganta

     La côte Ouest du Mexique, aussi belle soit elle, ne recevra jamais les avances du Pacifique ni l’assaut de ses vagues. Ses rivages resteront calmes et bleus, car la « Baja-Sur », sur laquelle nous roulons depuis 2 semaines a interposé la mer de Cortes. L’eau y est chaude. La vie sous-marine y est foisonnante. Nous campons non loin de Mulegé. En compagnie des pélicans, devant un petit front de mangrove nous prenons notre bain. Le sel marin remplace bientôt la poussière du désert sur notre peau. Il sera à son tour rincé par l’eau de nos gourdes. Le soleil se couche dans un ciel rose pendant que les pécheurs partent en mer poser leur filet. Ce sera notre première vision de la mer de Cortes. Ce nom semble sorti d’un roman d’amour et de piraterie, il appelle à la rêverie.

 

     Plus nous roulons vers le sud, plus la chaleur est rude et la baignade agréable. La route longe la « Bahia Concepción ». Les plages ne sont pas très larges et sont prises d’assaut par les touristes et retraités américains. Les arrières plages forment souvent une dépression avec une légère croute de sel blanc. Le panorama d’ensemble est cependant très beau avec des façades ocres et sèches qui tombent sans une éclaboussure dans cette soupe d’azur. On croirait la méditerranée un jour de grand calme. Sous la surface l’eau est trouble ! Zut ! Pour les amoureux de la plongée et de la pêche sous-marine, il faut revenir en été. Locaux et vacanciers s’accordent pour décrire une visibilité de 30m, une eau à 28°, un air à 40°C, des raies et des requins marteau... Décembre c’est l’époque des requins baleines, ce qui est encore extraordinaire !

    Notre route s’arrête quelques jours à Loreto. Cette ville est une surprise. Elle est pleine de classe et de charme. La place centrale rappelle le flou souvenir d’une ville européenne, mais les échoppes, l’artisanat local, le mobilier, les vendeurs de bonbons et leur charrette, les «Fridas » accrochées au mur sont bien aux couleurs du Mexique.  

 

Nous restons trois jours à Loreto car il y a du vent annoncé. Nous faisons bien ! Les 20 nds matinaux se transforment vite en 25 nds dans l’après-midi.  Nous kitons d’abord au Nord de la Ville, juste avant l’entrée du Port. Les pêcheurs s’arrêtent un moment pour nous regarder. Les cormorans plongent. Les sternes sont agiles et passent près de nos lignes. Les pélicans sont plus lourds en vol et nous ralentissons longtemps à l’avance pour leur laisser une chance de nous éviter.

Puis on tente une session également au sud sur la langue de sable. Il n’y a que nous sur l’eau, pourtant le spot est agréable et plutôt safe. Il faut juste faire attention aux petites raies pastenagues. La vue est belle. Depuis la mer on peut voir les palmes et les maisons, et à l’arrière  la « Sierra Giganta » qui domine.

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    Le soir même, à notre retour de session, les deux familles de bikers que nous rencontrons auront raison de notre motivation à partir tôt. Ce sera plutôt bavardages et échanges sur le voyage autour d’un café. On est heureux de parler français avec eux.  D’habitude nous évitions mais depuis le Mexique on mélange l’espagnol et l’anglais, alors..pourquoi pas français !? Et surtout ces deux familles sont très intéressantes et on serait bien resté plus longtemps avec eux ! L’une famille est franco-japonnaise et voyage avec Yuna, 3 ans. L’autre famille voyage depuis plus d’un an et demi avec Lilou 9 ans et Tiago 11 ans. C’est camping sauvage pour eux aussi avec école le matin et le soir. Ils en connaissent un rayon sur le vélo et le voyage. Vous pouvez les suivre sur leur blog de voyage : www.eveilnomade.fr

  

      Le reste de l’histoire se passe encore dans le « désert ». Au premier abord il est peu attrayant, pourtant nous allons l’adorer ! Peut-être parce qu’il s’agit des dernières 5 nuits où il nous accueillera. Nous prenons le temps d’observer les cactus. Les grands cardons lèvent leurs bras vers le haut. Supplient-ils le ciel de leur donner de la pluie ou quelqu’un d’assez fou pour leur offrir un ultime calin ?

Les cardons sont abondants mais ne sont pas seuls. On aime les « pitaya dulce » aux fruits rouges, la forme tortueuse des « chollas » (Cylindropuntia sp.), les « Senitas » (Pachycereus scottii), les « Palos » aux écorces blanches ou vertes pistache, les fleurs rouges des « ocotillos » qui attirent les oiseaux-mouches.

 

      Cet écosystème est généreux. Le bois ligneux des cactus morts brule vite et nous permet de cuisiner en un rien de temps. Le sol est plat pour camper et nous prenons vite le rythme. A 16h, après s’être chargé de 10L d’eau, nous dressons le campement. 1,5L d’eau nous suffisent pour nous doucher, le reste est consommé. A 17h45 le soleil se couche, à 18h l’eau bout, à 18h30 nous avons mangé. A 19h commence le va-et-vient des voitures : c’est la sortie du boulot. Au son d’un moteur qui s’approche on éteint nos lampes, car, même aussi loin de la route, nous ne voulons pas être vus. L’obscurité se densifie jusqu’au levé de la lune. C’est à ce moment que comme dans un mauvais film, des jappements aigus puis de longs hurlements se font entendre. Ce sont les coyotes qui se saluent. Au petit matin on peut également les entendre. Nous ne les craignions pas, bien que parfois nous nous inquiétons un peu car ils ont l’air nombreux ? De la famille des loups, ils ont pourtant une attitude différente. Ils ne chassent que rarement les grandes proies et attaquent majoritairement de face. Ils cherchent les lièvres et autres petits mammifères mais aiment également les fruits des cactus. Le désert est bien plus habité qu’il n’y parait ! Les tarentules par exemple nous inquiètent d’avantage que les coyotes. Leurs poils sont urticants. Si elles se sentent agressées, elles les éjectent et c’est l’enfer ! Il y a aussi les scorpions et les serpents. Les serpents à sonnette lorsqu’ils mordent sur la défensive n’injectent en théorie qu’un minimum de venin, dont ils contrôlent la quantité provenant de leur glande.. Quelle chance !! Les scorpions en revanche, pas du tout ! En fin de compte nous n’aurons vu ni l’un ni l’autre !! 

 

   Notre voyage avec la remorque se termine à 700m d’altitude après 20 kilomètres de montée. On aperçoit « la Ventana ». C’est ici que nous allons nous reposer et naviguer les prochaines semaines. Yeaaah !

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